Prévenir le déconditionnement chez les personnes âgées
Le déconditionnement chez une personne âgée représente l’ensemble des conséquences physiques, psychiques et sociales reliées à l’inactivité. Au Québec, les personnes âgées représentent 22% de la population active. En 2031, ils représenteront 55 à 72%! Pour des raisons humaines, sociales et économiques, il importe, maintenant plus que jamais, de s’informer sur les meilleures pratiques permettant d’optimiser la santé et l’autonomie des personnes âgées.
Les risques de déconditionnement chez les personnes âgées
Perte d’autonomie fonctionnelle
L’autonomie fonctionnelle est l’ensemble des capacités à s’adapter aux conditions environnementales telles que les activités de la vie quotidienne (se laver, entretenir la maison, gérer le budget, prendre ses médicaments…), la mobilité (marcher, utiliser les escaliers…), la communication (voir, entendre, parler…) et la santé mentale (capacités de mémorisation, d’orientation, de jugement…).
Au Québec, les incapacités les plus fréquentes sont liées à la mobilité (29% des personnes âgées), l’agilité (25%), l’audition (14%), l’activité intellectuelle (12%) et la santé mentale (8%).
Ostéoporose
L’ostéoporose est caractérisée par une perte de résistance du tissu osseux qui entraîne une plus grande fragilité et des risques de fractures, particulièrement à la hanche, à la colonne vertébrale et au poignet.
Après l’âge de 50 ans, l’ostéoporose affecte une femme sur quatre et un homme sur huit.
Il existe deux types d’ostéoporose :
- Le type 1, primaire, survient habituellement chez les femmes entre 51 et 75 ans, après une baisse d’œstrogène. Il y a alors une atteinte osseuse de l’os trabéculaire, les mettant davantage à risque de fractures vertébrales par écrasement, par exemple.
- Le type 2, sénile, survient davantage chez les adultes âgés de 70 ans et plus, secondaire à l’immobilisation et une diminution de la mise en charge. Cette condition atteint l’os trabéculaire et cortical causant, le plus fréquemment, des fractures de hanche, d’humérus et du bassin.
Équilibre et chutes
Les chutes sont la principale cause de blessures mortelles chez les personnes âgées de plus de 65 ans. Entre 20 et 30% d’entre eux chutent au moins une fois par an. Les chutes, responsables de 84% des admissions à l’hôpital, sont un important prédicteur de l’hébergement institutionnel.
L’activité physique : prévention et traitement
Pour l’ostéoporose
L’os est en constant remodelage grâce aux contractions musculaires, qui augmentent le calcium au niveau des attaches musculaires, et à la mise en charge, qui augmente le niveau de calcium de façon plus globale dans l’os.
Activités suggérées :
- Pour les personnes à risque d’ostéoporose, des exercices modérés à élevés entraînant des contacts avec le sol (ex. : step, course à pied) ainsi que du renforcement sont conseillés. Il est important d’augmenter progressivement l’intensité pour prévenir tout problème articulaire.
- Pour les personnes souffrant d’ostéoporose sans histoire de fracture, des exercices de renforcement avec des suppléments de calcium sont conseillés. Encore une fois, il est primordial d’augmenter progressivement l’intensité et d’éviter les postures extrêmes afin de prévenir les blessures.
- Pour les personnes souffrant d’ostéoporose avec une histoire de fracture, des exercices en piscine sont recommandés tout en respectant une progression au niveau de l’intensité.
Pour l’équilibre et les risques de chutes
Une diminution de la force et de la puissance musculaire est corrélée avec les personnes victimes de chutes. Les groupes musculaires les plus importants pour prévenir ces chutes sont : fléchisseurs et extenseurs de la hanche, quadriceps, ainsi que fléchisseurs plantaires et dorsaux de la cheville.
Il importe également d’augmenter la flexibilité des articulations et la souplesse musculaire. En effet, augmenter la flexibilité des articulations au niveau des hanches améliore la manière de marcher ainsi que les réactions de protection s’il se produit un déséquilibre vers l’arrière.
Même si cela peut être anxiogène, apprendre à chuter et à se relever est primordial pour les personnes âgées de 65 ans et plus. Il faut également s’assurer que la personne possède, si nécessaire, une aide technique appropriée et bien ajustée.
Un des meilleurs prédicteurs de risque de chutes est la vitesse de marche :
- La distance minimale visée permettant de marcher en communauté est de 300 mètres.
- Une vitesse de marche inférieur à 1 mètre par seconde pourrait entraîner une difficulté à respecter les feux de circulation.
- La vitesse de marche est fortement reliée à la force des jambes ce pourquoi il est important d’effectuer des exercices de renforcement.
Recommandations générales concernant l’exercice (par l’American College of Sports Medicine)
Exercices aérobiques
Il est recommandé de pratiquer des exercices aérobiques d’intensité modérée 30 minutes/jour, 5 jours/semaine minimum, ou d’intensité élévée 20 minutes/jour, 3 jours/semaine minimum.
Exercices de renforcement
8–10 exercices (groupes musculaires principaux)
2 à 4 jours non consécutifs
10–15 répétitions
Intensité modérée (5-6 Borg) à intense (7 – 8)
Pour les groupes musculaires suivant :
- Extenseurs de hanche et genou
- Fléchisseurs plantaires et dorsaux
- Biceps, triceps
- Pectoraux, deltoïdes
- Extenseurs du dos et abdominaux
Exercices d’assouplissement
2 à 3 jours/sem pendant 10 minutes
30 secondes par étirement
≥ 4 répétitions /muscle
Par Monica Windsor, physiothérapeute
Références :
-
Institut de la statistique du Québec, Démographie : Le bilan démographique du Québec,2011
-
Institut canadien de la recherche sur la condition physique et le mode de vie. L’enquête Campbell sur le mieux-être au Canada, 1988
-
Lefebvre, C. Un portrait de la santé des québécois de 65 ans et plus. Institut National de santé Publique du Québec, 2003
-
Old, JL. Calvert, M. Vertebral compression fractures in the elderly. Am G, 2004
-
Agence de la santé publique du Canada (2014). Chutes chez les aînés au Canada
-
Sinaki, M. Exercise and osteoporosis. Archives of Physical Medicine and rehabilitation
-
Smith, El, Raab, DM. Osteoporosis and physical activity, 1988
-
Papaioannou A, Morin S, M Cheung A, Atkinson S, Lignes directrices de pratique clinique 2010 pour le diagnostic et le traitement de l’ostéoporose au Canada
-
Arcand, M. Hébert, R. (1997). Précis pratique de gériatrie
-
American College of Sports Medicine (2010) Guidelines for exercises testing and prescription
-
American College of Sports Medicine (1998): American College of Sports Medicine Position Stand: Exercise and physical activity for older adults.
-
American College of Sports Medicine (1990) : American College of Sports Medicine Position Stand : the recommended Quantity and Quality of Exercise for Developing and Maintaining cardiorespiratory and Muscular Fitness in Healthy Adults